Objectifs généraux concernant l’Esprit Critique

  • Inscrire l’éducation à l’esprit critique dans les enseignements :
    L’esprit critique ne constitue pas un enseignement supplémentaire, mais s’intègre pleinement dans les pratiques pédagogiques existantes. Il se développe au fil des séances, dans des contextes variés, en lien avec les attendus des programmes.
  • Valoriser l’esprit critique comme compétence transversale et transdisciplinaire :
    Les démarches d’éducation à l’esprit critique reposent sur des méthodes communes à toutes les disciplines : questionner, analyser, argumenter, interroger les sources, douter méthodiquement. Elles visent à former un jugement éclairé et autonome.
  • Proposer des démarches pédagogiques adaptables, en offrant des outils transférables dans d’autres disciplines.
  • Rendre visible la pensée des élèves, en valorisant les productions comme témoins d’une activité réflexive.

Objectifs de la séquence & activité proposée

Objectif principal

  • Développer une posture de modestie, « d’humilité épistémique » et justifier la nécessité de la science à l’échelle individuelle (aller chercher des sources scientifiques) et à l’échelle sociétale (se baser sur des « faits » fiables).
  • Vivre une expérience commune entre élèves ET le professeur : nous sommes tous « bernés par une illusion » et cela participe à créer en classe un climat de confiance sur le rapport à « l’erreur » de manière générale.

Intégration dans les programmes

Cette activité s’inscrit dans les attendus du socle commun en étayant un discours sur la différence entre savoirs et croyance. Elle présente ainsi l’utilité de la science, sa nécessité pour construire du savoir, et sa dimension corrective.

Approche pédagogique / Insertion de l’activité dans la séquence complète

Rituel de début de cours (proposition adaptable).

Présentation de la démarche

Chaque séance de cours commence par une observation qui met en évidence la différence entre le « perçu » et le « réel ». Le professeur peut assumer que lui aussi s’est « trompé » la première fois qu’il a vu l’illustration ou la photo. En outre, cela permet de « désacraliser la notion d’erreur » (les élèves comprennent vite qu’ils vont « se tromper » et que c’est ce décalage entre perçu et réel qui l’enjeu d’apprentissage e qui est donc utile à l’avancée de la classe. Cela pousse à libérer la parole à ce sujet.

L’objectif, par la répétition ritualisée, est de comprendre qu’un des objectifs de la science est de diminuer et même de faire disparaître quand c’est possible cet écart entre perçu et réel : il s’agit d’illustrer la démarche corrective de la science (une des caractéristiques principales des démarches scientifiques avec l’aspect collectif et cumulatif). Pédagogiquement il est possible de rappeler aux élèves « les 3 C » : la science est une démarche corrective, collective et cumulative (voir page 1 du diaporama).

Ces idées seront réutilisées ensuite pour prendre du recul sur les activités et les notions traitées en classe : quelles sont les « erreurs » d’observation possibles identifiées ? Pouvons-nous nous corriger ?
L’aspect collectif (analyse croisée en classe, peer-review pour les chercheurs par exemple) permet aussi une meilleure « correction ».
Ce moment rituel peut aussi être rappelé quand nous aborderons en classe les points suivants : Comment moins se tromper (protocole d’expérience, accord sur le vocabulaire utilisé) ? Quel est le consensus scientifique à ce sujet ? Les scientifiques savent-ils répondre à cette question (limite du savoir actuel) ? etc.

Mise en œuvre disciplinaire

  • Discipline concernée : Physique Chimie (Transposable en SVT, voire en Histoire Géographie)
  • Thème, chapitre, notion : Rituel en 6e ou 5e, lien possible avec les chapitres spécifiquement liés à la mesure (la mesure permettant un dépassement de nos limites de perceptions)
  • Durée : entre 3 et 10 minutes par séance suivant la volonté du professeur de faire ou non du lien avec le contenu des séances
  • Déroulement synthétique : Voir Mode d’emploi du diaporama à la diapositive 57
    • Situation de départ  : entrée en classe ; une illusion d’optique figure au tableau : diapo 4 à 55
    • Activités proposées :
      1. interroger les élèves sur leurs observations : que voyez-vous ? Le principe qu’il y a une illusion devenant admis au fil des séances : quelle est l’illusion ?
      2. expliquer / dévoiler l’illusion (processus variable en fonction des illusions, parfois des indications sont données en commentaires des diapositives)
      3. affichage de la page 1 ; retour sur la différence entre le perçu et le réel, les limites de notre expérience personnelle en tant que preuve et la nécessité d’avoir des preuves plus fiables (étude scientifique voire consensus scientifiques)
      4. affichage éventuel de la page 2 pour faire du lien avec les séances de travail en cours
    • Supports utilisés : diaporama ; Page d’illusion puis raccourcis ECHAP puis F5 pour afficher la page 1 très rapidement.

Transférbilité - Propositions d’adaptation dans d’autres disciplines :

  • La description pédagogique de la science comme une démarche de description du réel, corrective, collective et cumulative n’a rien de spécifique aux sciences physiques, idem pour l’opération de décentrement : dézoomer de notre expérience personnelle comme preuve justifiant une description du monde. Ce slogan « les 3 C » (page 1 du diaporama) et cette référence à la notion de preuve peuvent être étendus à toutes les sciences donc à toutes les disciplines scolaires qui transmettent des savoirs académiques, résultats des démarches scientifiques associées. Cette caractérisation du savoir comme objet d’enseignement fait pleinement partie de la mission des enseignants.
  • Ce rituel peut-être repris tel quel en SVT.
Ressources complémentaires
  • Programme EMC 2023 Cycle 3 ; p 67 ;
    Exercer son jugement, construire l’esprit critique
    S’informer de manière rigoureuse.
    – Réfléchir à la confiance à accorder à une source, un émetteur d’informations.
    – Collecter l’information.
    – Distinguer ce qui relève de l’exposé des faits de ce qui relève de l’expression d’un point de vue.
  • Programme SCIENCES ET TECHNOLOGIE ; 2023 , Cycle 3 ; Préambule p 78 :

    « Il s’agit d’amener les élèves à exercer leur capacité à raisonner, à développer leur esprit critique et à distinguer le registre de la connaissance scientifique qui repose sur des faits éprouvés de celui de la croyance ou de la simple opinion. Prendre en compte les conceptions initiales des élèves constitue souvent une stratégie pédagogique féconde pour confronter leurs idées, dégager un problème scientifique à résoudre collectivement, dépasser le sens commun et aller au-delà des intuitions premières, souvent trompeuses, en les confrontant aux faits. »

  • Rapport du CSEN GT8, particulièrement à partir de la page 97 : Synthèse et 12 conseils pratiques
    Lien vers le rapport
  • Conférences Éducation à l’esprit critique et formation du citoyen ; Académie d’Aix Marseille ; mai 2025
    A partir de 1h08’ Courte présentation de l’utilisation de visuels « esprit critique » en classe dont « l’échelle de preuve ».
    Lien vers le séminaire
  • Savoirs, opinions, croyances G ; LECOINTRE Belin éducation ; 2018 . cet ouvrage aborde particulièrement la distinction entre les 3 notions du titre et met en avant 6 attendus cognitifs communs aux démarches scientifiques, justifiant l’emploi de l’expression la science et non les sciences.